Élément(s) ajouté(s) récemment
Aucun produit
L-9782951453777
Neuf
1 Elément
En stock
10,00 €
Trois jours de généralat ou un épisode de la guerre civile dans le Var (décembre 1851) - Le témoignage du «général» Camille Duteil est non seulement une source majeure de renseignements sur l’insurrection, mais encore un document sur les rapports complexes entre ce dirigeant démocrate-socialiste éclairé et la masse populaire. Association 1851 pour la mémoire des Résistances républicaines.
Type | Broché |
Année | 2006 |
Langue | Français |
Pages | 128 |
Format | 11 x 17 cm |
Distributeur | Association 1851 pour la mémoire des Résistances républicaines |
ISBN | 2-9514537-7-9 |
Trois jours de généralat ou un épisode de la guerre civile dans le Var (décembre 1851) - Camille Duteil
« Écrit et publié en Royaume de Piémont, au lendemain de la défaite de l’insurrection républicaine varoise de décembre 1851, le témoignage du «général» Camille Duteil était devenu un introuvable bibliographique. Discutable et discuté, ce récit à chaud est non seulement une source majeure de renseignements sur l’insurrection, mais encore un document sur les rapports complexes entre ce dirigeant démocrate-socialiste « éclairé et la masse populaire »
Des raisons d'une publication...
Les quelques pages de Duteil qui suivaient la très intéressante étude de Stephen Chalk, récemment publiée , ont suscité plusieurs réactions de curiosité et d'intérêt, qui nous ont incités à donner l'intégralité de cette brochure, rarissime au point d'être devenue une curiosité bibliographique.
On en trouvera donc ici le texte complet, établi et annoté par Frédéric Négrel, responsable du site internet de l'Association 1851 pour la mémoire des Résistances républicaines.
Néanmoins, avant de nous y décider, nous ne pouvons que nous interroger sur l'opportunité et l'intérêt de pareille entreprise.
Dans les premiers mois de 1852, alors que ses compagnons d'infortune et d'exil, liés par une fraternelle solidarité, essayaient tant bien que mal de survivre en terre niçoise, alors que les moins résignés essayaient de souffler sur les cendres en faisant passer en Provence journaux et textes de propagande, [...]
Couverture: La Marianne de Camps-la-Source (Var), photographie de Gilbert Suzan.
Association 1851 pour la mémoire des Résistances républicaines.
L'auteur original:
Pierre Camille Duteil est né à Libourne (Gironde) le 8 septembre 1808, d'un père contrôleur des contributions directes et d'une mère d'une famille de commerçants. Il fait ses études à Bordeaux, certainement un baccalauréat. Il épouse en décembre 1833, à Guîtres, Marie Céleste Bourseau dont il aura 5 entants. En 1836, il publie une Notice archéologique sur le dolmen de Montguyon. La même année, après avoir été nommé capitaine de la Garde nationale de Guîtres, il tue un homme au cours d'une dispute. Il est acquitté pour cause de légitime défense.
En 1838, il publie son premier ouvrage d'égyptologie: Traité du zodiaque de Dendérah. Ouvrage qui sera suivi de bien d'autres dans lesquels il récuse les travaux de Champollion.
En 1841, il fait des conférences à l'Athénée royal de Paris. Il y fonde une revue, Portique du XIXe siècle, en 1843. L'année suivante, il est chargé du discours de clôture du 10e Congrès historique au Palais du Luxembourg.
Sa revue ayant cessé de paraître, Camille Duteil écrit dans Le Musée des Familles et sera même employé des chemins de fer en 1846. Puis il devient rédacteur à La Réforme, le journal de Ledru-Rollin.
En rééditant cette brochure de Camille Duteil, acteur de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851 dans le Var, l’Association 1851 pour la mémoire des résistances républicaines poursuit la tâche qu’elle s’est fixée : faire vivre la mémoire des acteurs de cette résistance – en particulier provençale – au coup de force de Louis-Napoléon Bonaparte. Journées d’études, monographies de sociétés secrètes, parcours biographiques : à ces types de publications s’ajoute celui de textes originaux, introuvables ou peu s’en faut. Tel est le statut de cette brochure de Camille Duteil, « général » de « l’armée » varoise de résistance au coup d’État durant quelques jours du mois de décembre 1851. Publié dès avril 1852 depuis l’exil piémontais, ce texte appartient tout autant au genre de l’autojustification qu’à celui de l’essai historique ou politique. C’est la chronique d’une défaite, voire d’un désastre dont l’auteur entend nommer les responsables – lui-même se mettant hors de cause. Comme le souligne René Merle (auteur, par ailleurs, de Gentil n’a qu’un œil, Éditions de la Courtine, 2003, roman contant l’itinéraire initiatique d’un missionnaire rouge dans le sud-est de la France en 1850), on reste confondu devant la maladresse de l’homme, qui cite tels quels les noms des acteurs de ces journées, porte des jugements de valeur péremptoires, fulmine contre l’incapacité militaire qu’il dénonce chez les soldats de rencontre qu’il prétend commander.
Né en 1808, Camille Duteil est issu de la bourgeoisie, s’intéresse à l’égyptologie – au point que la Deuxième République en fera un éphémère conservateur des collections égyptiennes du Louvre –, fonde une revue appelée Portique du XIXe siècle et collabore à La Réforme, le journal de Ledru-Rollin. Lorsque survient février 1848, il s’implique de plus en plus dans le combat politique et devient rédacteur en chef du Peuple, successeur, à Marseille, de La Voix du peuple. C’est ce qui le mènera à la tête de la colonne des résistants républicains du Var, sans qu’il l’ait réellement souhaité et sans qu’il ait rencontré un véritable soutien de combattants issus de sociétés secrètes qui ne reconnaissaient pas vraiment la légitimité de cet étranger au pays. À l’exil piémontais, succèdera l’exil argentin où Camille Duteil mettra sa formation d’ingénieur au service de la voirie et des transports de Buenos-Aires, ville où il décède en 1860.
On est frappé, à la lecture de ce texte, du souci qu’a Camille Duteil de témoigner de son respect de la légalité, c’est-à-dire à la fois de cantonner ses « troupes » dans un comportement totalement civique (ne pas piller, ne pas vivre sur le pays) et de peser chaque décision selon les règles d’une guerre classique, celle qu’il entend mener, selon les « règles de l’art », en quelque sorte. Il s’agit bien, dans une lecture en creux, de l’histoire d’une inadaptation. Les notions de risque, de coup de main, d’attaque surprise sont écartées. Camille Duteil entend à la fois rationaliser au maximum la guerre qu’il mène et éviter au maximum de faire couler le sang. À lire ce bref récit, on prend conscience d’un ensemble de thématiques révélées par un récit de campagne sans véritable combat, sorte de promenade militaire où les intérêts locaux peuvent être contradictoires d’une commune à une autre, où la division se fait parfois jour entre partisans et adversaires du coup d’État, où les résistants traînent avec eux des prisonniers au statut d’otage dont Camille Duteil se veut le protecteur absolu. De fait, le premier thème majeur qui se dégage de ces pages est celui de l’autorité du chef, contestée de facto, mais pas nécessairement frontalement. Partisan du légalisme, Camille Duteil entend obtenir une obéissance de type militaire, tout en craignant des affrontements entre civils aux positions politiques divergentes. Mais les quelque 3 000 hommes qu’il commande, au mieux, soumettent son autorité en permanence au débat, à la discussion, à la remise en cause.
On est dans un registre de concurrence de pouvoirs et de légitimités. Eux connaissent le terrain, pas (ou peu) Camille Duteil qui est sous la dépendance des renseignements qu’on lui fournit – ou non. Le but de la colonne n’est pas clair : Draguignan semble à la fois proche géographiquement et inaccessible militairement, à l’inverse de Grenoble, dont la rumeur dit qu’elle a basculé dans la résistance et qui devient une sorte de but mythique. La rumeur : elle se substitue souvent à l’information et joue sur la difficulté du « chef » dans la prise de décision immédiate. Au delà des problèmes matériels (nourriture, hébergement, armes, munitions, etc.), on voit comment cette armée temporaire est traversée par des sentiments et des comportements complexes qui prennent le dessus : l’honneur et la trahison, les formes de solidarité ou leur absence, les figures variables d’un ennemi le plus souvent invisible, ou encore la figure de l’éternel combat entre les « patriotes » et les « réactionnaires ». Mais on sera aussi attentif à la mise en scène de catégories spécifiques : femmes, enfants ou adolescents, anciens soldats de métier. Tout cela ne fait pas une armée, à peine un peuple, dont par ailleurs Camille Duteil doute de l’esprit de résistance : « Serait-il possible, me disais-je, que les vétérans de Juillet, que les hommes de Février, et que les débris de Juin, aient laissé un instant s’introniser le bas-empire ? Serait-il donc vrai, comme le dit Montesquieu, qu’une révolution retrempe un peuple et que plusieurs l’avilissent ! » Homme du verbe et de l’écrit lancé dans le théâtre de l’action, Camille Duteil a, comme cela était prévisible, échoué : peut-être aurait-il dû lire Clausewitz de préférence à Montesquieu ?
Jean-Claude Caron
Extrait:
PARIS EST TRANQUILLE !
Cette dépêche télégraphique affichée successivement à midi, à deux heures et à quatre heures du soir sur tous les murs de Marseille, annonçait au moins clairvoyant que Paris était en révolution. — Mais que se passait-il ? — Le Président de la République avait-il fait son dix-huit brumaire, ou l'Assemblée nationale avait-elle envoyé le héros de Boulogne à Vincennes?
Quelque fut le parti qui triomphât, impérial ou monarchique, l'un et l'autre étant capable de tout pour sauver l'ordre, c'est-à-dire, pour renverser la République, le devoir de la démocratie était de profiter de l'occasion d'un coup d'état, de quelque part qu'il vint, pour rentrer dans la plénitude de son droit révolutionnaire et chasser enfin tous ces traîtres.
Le midi de a France comptait sur le patriotisme du peuple de Paris pour sonner le premier tocsin, et les socialistes des Bouches-du-Rhône, des Basses-Alpes et du Var avaient juré de mourir pour sauver la République. C'est une triste histoire que je vais écrire, mais je dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Je rappèle mes souvenirs et je laisse courir ma plume.
[...]
Aucun commentaire client pour le moment.