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Negrelum - Miquèla Stenta (Noir-Obscur). Au-delà du regard clinique, et parfois cynique, le propos tenu ici évoque autant celui-celle qui meurt que celui-celle qui raconte. Illustration de Raphaël Segura. L'aucèu libre.
Type | Broché |
Année | 2019 |
Langue | Français + Occitan Languedocien |
Pages | 108 |
Format | 10 x 17.5 cm |
Distributeur | L'aucèu libre |
ISBN | 978-2-917111-56-7 |
Negrelum - Miquèla Stenta
(Noir-Obscur)
Au-delà du regard clinique, et parfois cynique, le propos tenu ici évoque autant celui-celle qui meurt que celui-celle qui raconte. Non qu’il raconte – il ne s’agit pas de broder sur une réalité – mais qui dit le vécu au jour le jour, compris et entrepris à partir de la connaissance, de la relation intime qui lie celui-celle qui s’en va et celui-celle qui le voit partir. Qui lie et qui délie.
Per delai l’agach clinic, de còps que i a cinic, se parla aicí tant de la / dau que se morís coma de la / dau que conta. Non pas que conta – s’agís pas de brodar sus una realitat – mas que ditz çò viscut cada jorn, comprés e entreprés a partir de la conoissença, de la relacion intima que liga la-lo que se’n vai e la-lo que lo vei partir. Que liga e que desliga.
Miquèla Stenta fait le récit d’une fin de vie, celle de sa mère qu’elle a accompagnée jusqu’à sa mort. Elle le fait sans complaisance, dans la lumière noire et la vérité crue d’un implacable réel. Elle nous décrit la déchéance physique et mentale d’un être cher, le plus proche de nous, puisqu’il nous donna la vie, en échange de quoi, on ne peut que l’accompagner vers sa mort, la seule issue possible à son naufrage. L’auteure nous raconte au quotidien les étapes de ce chemin de croix. Sans cesse déçue par la vision d’une ruine inexorable, l’affection ne peut s’exprimer que dans une démarche de lucidité : accomplir jusqu’au bout les gestes de la tendresse, quoi qu’il en coûte, sans détourner le regard.
Dans une société qui refuse la pensée de la mort et le spectacle de la vieillesse, le récit occitan de Miquèla Stenta témoigne de la haute exigence morale que nous impose notre absurde et tragique condition : rester lucide jusqu’au bout.
Traduction française de l’auteur. Illustration de Raphaël Segura.
Éditions L'aucèu libre.
Note sur le livre:
Écrire sur la fin de vie d'une mère, d'une grand-mère ou d'un conjoint, n'a rien d'original. Une mort si douce, Lo Viatge aquitan, La marche lente des glaciers, Mas Vielhas... et beaucoup d'autres, les récits ne manquent pas.
Au-delà du regard clinique, et parfois cynique, le propos tenu ici évoque autant celui-celle qui meurt que celui-celle qui raconte. Non qu'il raconte — il ne s'agit pas de broder sur une réalité — nais qui dit le vécu au jour le jour, compris et entrepris à partir de la connaissance, de la relation intime qui lie celui-celle qui s'en va et celui- celle qui le voit partir. Qui lie et qui délie. Au-delà des mots que l'autre n'entendra ni ne lira, mots muets. Le propos, parler sur, à partir de, est alors un aller-retour entre les choses vues, portées, supportées, et la résonance au-dedans. Prélude au temps du deuil, de l'absence. A la fois témoignage et catharsis. Mais aussi hommage.
L'auteur a choisi pour la version française de rester dans l'esprit du texte occitan en outrepassant parfois la lettre ; la traduction n'est donc pas exactement littérale. Les registres de langue sont respectés. Il s'agissait de garder le parler naturel du personnage centra/. C'est ainsi que la négation n ne » n'est pas utilisée dans les propos retranscrits, que des tournures syntaxiques héritées de l'occitan sont conservées, car un académisme à la française aurait dénaturé le personnage, porté atteinte à son authenticité. Cependant, le passage au français met a plat une expression linguistique contrastée, mitigée entre deux langues. De toute façon, une traduction est toujours une réécriture, y compris sous la plume d'un même auteur.
Article critique:
Si la merde et la mort sont expurgées de nos sociétés aseptisées, confiées à des êtres obscurs, forcément subalternes, Miquèla Stenta les convoque ici au chevet de sa mère mourante car « C’est la merde qui fait le vivre. » Lorsque tout s’en va, que le corps s’échappe, que la tête s’égare, que reste-t-il ? « Où sera la limite entre cette volonté aveugle du vivant et la dignité humaine qui gouverne les sphincters ? » Langer sa mère comme un bébé, un monde à l’envers ! Remontent aussi l’absence de tendresse, les mots cassants, ceux qui tuent… L’inhumanité de l’hôpital. L’auteure, universitaire, a beau tenter d’élever le débat, convoquer Spinoza, Marcelle Delpastre, en vain ! Au-delà des rancunes, des obligations, du respect qu’on doit, on reste à jamais l’enfant de quelqu’un. Une fille ou un fils d’ouvrier, prisonnier de ses origines sociales. Voici que la génitrice meurt ! Qu’une Sétoise nous quitte ! Alors la mère se réhumanise. Son histoire se colore sous la lumière de l’île singulière. Sa voix perce. Elle redevient femme de peines, femme de peurs, femme de courage, femme de culture… Sa volonté farouche est maintenant célébrée. Et pourtant ne restent plus que ses effets ! « Voici que les vêtements se mettent à vivre, à faire surgir des images, naître des larmes. » Ce témoignage d’une lucidité corrosive, d’une sensibilité brûlante ne laisse pas indemne. Chaque mot, chaque image trouent comme de la soude caustique. « Les civilisations qui enterraient leurs morts avec leurs affaires méritent un beau coup de chapeau ! Chacun quittait ce monde avec ses biens. Ainsi pas de fétichisme pour les survivants… »
Article de Dominique Aussenac, publié dans Le Matricule des Anges n°216 (septembre 2020).
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Negrelum - Miquèla Stenta - Chronique occitane de Marie-Jeanne Verny sur la radio FM-plus
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