Élément(s) ajouté(s) récemment
Aucun produit
Liens à visiter
L-9782916488165
Neuf
1 Elément
En stock
19,00 €
L’AMOUR, LA SEXUALITÉ ET L’INQUISITION - Un paradoxe : les expressions de l’Amour dans les registres d’Inquisition (XIII°-XIV° siècles) - Gwendoline Hancke. La Louve éditions.
Type | Broché |
Année | 2007 |
Langue | Français |
Pages | 192 |
Distributeur | La Louve |
Label | Collection L'Histoire |
ISBN | 978-2-916488-16-5 |
L’Amour, la sexualité et l’Inquisition - Gwendoline Hancke
Un paradoxe : les expressions de l’Amour dans les registres d’Inquisition (XIII°-XIV° siècles)
Un paradoxe : l’Inquisition est connue pour la rigueur de ses procédures d’enquêtes et aussi pour la froideur méthodique de ses registres... À priori, on pourrait donc s’étonner de trouver dans de telles sources des expressions de l’amour, de la sexualité et du mariage. C’est pourtant à cette recherche originale que s’est confrontée Gwendoline Hancke : le résultat est surprenant, très riche, empli d’une humanité en souffrance qui résiste pourtant, à sa manière. On ne peut s’empêcher de penser, à la lecture de ces lignes, que ces récits, parfois très intimes, sont autant de façons de dire à l’inquisiteur : « Tu vois ? Tu me juges, tu peux aller jusqu’à prendre ma liberté, ma vie, mais tu ne m’enlèveras pas ce que j’ai été. » Ces victimes, citées à comparaître devant le premier tribunal de la pensée de l’histoire, ont affirmé et raconté leurs amours, leurs mariages, et leur foi en même temps, comme si tout cela était lié de toute éternité. C’est ce témoignage de vie que Gwendoline Hancke a patiemment exhumé de milliers de pages constituant les registres d’enquêtes de l’Inquisition, ce tribunal qui voulait gommer jusqu’au souvenir de ses victimes et qui nous en restitue l’âme, aujourd’hui, involontairement. Ici, on trouvera une preuve supplémentaire, si besoin en était, que l’histoire est faite de chair, de sang, d’amour et de désir aussi... et qu’elle contribue à la victoire de la vie sur la mort.
Gwendoline Hancke, Docteur en Histoire, spécialiste du Moyen Âge, a grandi à Tübingen, en Allemagne, et elle écrit directement en français. Sa passion pour le Midi de la France, pour sa culture et son histoire, remonte à son enfance. Aujourd’hui, elle a enfin assouvi sa passion, puisqu’elle vit et travaille en Ariège, non loin de Mirepoix et de Montségur, au cœur du pays cathare.
La Louve éditions.
Article critique:
Gwendoline Hancke, docteur en Histoire et vivant du côté de Montségur, près des espaces qui la passionnent, propose ici une enquête visant à mieux comprendre les comportements amoureux des gens du Sud, surtout du Languedoc et du Toulousain, entre XIIe et XIVe siècles principalement. Pour ce faire, l’auteur a décidé de se pencher sur des sources qui pourraient paraître très en marge du sujet, à savoir les registres de l’Inquisition. En fait, les différents interrogatoires sont emplies d’anecdotes, de révélations concernant la vie quotidienne, privée donc, des interrogés ou des plaignants, levant un coin de voile sur cet intime qui échappe si largement à l’historien. L’organisation de l’enquête repose sur la dichotomie classique en monde chrétien en la matière, mariage/relations extraconjugales, développé en 4 chapitres portant respectivement sur les sentiments amoureux (en et hors mariage), la vie affective (en et hors mariage) et un cinquième et dernier chapitre « Entre plaisir et rejet. La vie sexuelle ». On pourrait discuter sur une telle organisation, les sentiments et de la vie affective étant évidemment très entremêlés et, d’ailleurs, les exemples donnés se recoupant souvent. En fait, les chapitres traitant des sentiments amoureux se penchent surtout sur le rapport des individus au mariage et montrent que les règles du mariage, tel que définies par l’Église, sont assez peu respectées ; on enregistre beaucoup d’unions extraconjugales, beaucoup d’adultères ; les concubines sont bien tolérées par la communauté. Dans ce dernier cas, on assiste surtout à des concubinages entre un homme de rang social plus élevé, les femmes de l’aristocratie se prêtant moins à ce type de pratique ou se faisant plus discrètes au regard de la communauté. Ce livre est un fait essentiellement un recueil de témoignages, mis en scène avec précision et agréables à la lecture ; il est à ce titre précieux pour l’historien s’intéressant à l’histoire de la sexualité. On pourra, en retour, reprocher à l’auteur de proposer ici une histoire un peu « sèche », collant trop aux documents et insuffisante en analyse et perspectives de recherches qui, au demeurant, transparaissent pour quelques-unes d’entre elles, preuve des richesses potentielles de l’ouvrage. Si, par exemple, surgit régulièrement la question des conceptions cathares/catholiques en matière de mariage, celle-ci n’est pas véritablement discutée en profondeur, à la lumière des exemples cités. N’aurait-il pas été intéressant également de considérer aussi la lyrique d’oc avec plus de détail, comme système de reflet et de comparaison ? Même si l’auteur y fait allusion, mais seulement allusion, surtout au dernier chapitre. On pense également – mais là n’était évidemment pas le sujet de ce livre ‑ à une réflexion sur l’attitude des clercs, des juristes en particulier, en pays de droit romain. En quoi ce droit interfère-t-il (ou pas) avec les procédures inquisitoriales et surtout, car tel est le sujet du livre, est-ce que ce monde savant a une quelconque influence sur les pratiques, au moins de l’aristocratie ? Les Pénitentiels sont évoqués, à mon avis de façon un peu fausse, dans la lignée de Noonan et d’une histoire, à mon sens un peu ancienne, considérant ces textes par trop comme des témoignages historiques, en oubliant tout l’aspect littéraire (générique) et fantasmatique qu’ils revêtent. Enfin, les exemples donnés interviennent-ils peut-être dans un espace trop étroit (le sempiternel Montaillou par exemple). Ceci n’empêche pas que cet ouvrage est le fruit d’un travail minutieux et que l’ensemble des exemples proposés constitue un sérieux appui pour le chercheur s’intéressant à ces questions, qui ne saurait à présent se dispenser de la lecture de ce travail. Remercions pour finir l’éditeur de Cahors d’accueillir des ouvrages d’érudition : les preneurs de risque se font de plus en plus rares.
Bernard Ribémont, « Gwendoline Hancke, L’Amour, la sexualité et l’Inquisition », Cahiers de recherches médiévales et humanistes 2007, mis en ligne le 22 mai 2008. URL : http://journals.openedition.org/crm/2804
Aucun commentaire client pour le moment.