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Lettres de la "der des der" - Les lettres à Mérotte : correspondance de Pierre Suberviolle (1914-1918) - Catherine Labaume-Howard
Type | Broché |
Année | 2011 |
Langue | Français |
Pages | 272 |
Format | 20 x 14 x 2 cm |
Distributeur | La Louve |
Label | Collection Litterature et Textes |
ISBN | 978-2-91648-843-1 |
LETTRES DE LA "DER DES DER" - Catherine Labaume-Howard
Les lettres à Mérotte : correspondance de Pierre Suberviolle (1914-1918).
Ces lettres ont été retrouvées en 1986 au fond d’un placard, dans un vieux sac de pommes de terre... Leur auteur, Pierre Suberviolle, engagé volontaire à l’insu de son père le 7 août 1914, alors qu’il n’a que 17 ans, écrit à sa famille durant plus de 51 mois. Mobilisé en tant que chauffeur mécanicien, il combat sur les fronts de l’est et du nord de la France, avant de rejoindre l’armée d’Orient à Salonique, et de sillonner l’Albanie, la Macédoine et la Grèce. Rapatrié en octobre 1917, versé dans les chars d’assaut, il est blessé au visage près de Dunkerque peu avant l’armistice.
De ces années de guerre, nous avons ces lettres, surprenantes à plus d’un titre. Mais ce qui apparaît surtout, au-delà d’une guerre évoquée comme avec d’infinies précautions, c’est une peinture fort réaliste d’une certaine bourgeoisie provinciale au sein de laquelle, même si la profondeur des sentiments ne fait pas de doute, il est souvent - quasiment toujours - question d’argent, de relations flatteuses et de principes moraux.
Enfin, cet ouvrage contient également nombre de photos, dont beaucoup sont inédites car œuvres de l’auteur lui-même, des cartes postales et aussi divers documents, tel ce curieux avertissement, tout à fait officiel (“Le moustique, voilà l’ennemi !”) dont l’ironie grinçante ne cesse d’interpeller.
Ce que Pierre Suberviolle livre ici, de son écriture souvent teintée d’humour malgré les circonstances, c’est donc la longue “tranche de vie” d’un jeune homme ordinaire et de sa famille dans un monde devenu fou. Ainsi, comme il l’écrit lui-même, une lettre, c’est d’abord « une communion d’âmes ».
Abondamment illustré de photographies souvent prises sur le front par Pierre de Suberviolle, cet ouvrage n'est pas seulement un devoir de mémoire d'une petite fille à l'égard de son grand père, c'est aussi et surtout une contribution historique de premier plan à la compréhension de la vie quotidienne des soldats durant cette guerre à la fin de laquelle tout le monde s'écria "Plus jamais ça !"
Ce livre contient environ 80 photos originales et documents en noir & blanc.
La Louve éditions.
L'auteur:
Catherine Labaume-Howard est née à Montauban dans la maison de son grand-père, Pierre Suberviolle. Aujourd’hui retraitée, elle vit dans l’Aude et se consacre à l’écriture.
Pierre Suberviolle, fils d'un vétérinaire originaire de Montauban, va s'engager dès le début de la première guerre mondiale alors qu'il n'a que dix-sept ans. Durant toute la durée de ce terrible conflit, il va écrire à sa mère et c'est soixante-dix ans plus tard que sa petite fille va retrouver ces LETTRES DE "LA DER DES DER" au fond d'un placard, réunies dans un vieux sac à pommes de terre. Publiées par LA Louve éditions, c'est un extraordianaire témoignage sur ces années de guerre, où nous découvrons tant la vie quotidienne des "poilus" que la vie familiale reconstituée à travers cette correspondance. On notera que jusqu'au bout, alors qu'il est blessé et qu'il a perdu un oeil, Pierre garde un humour probablement naturel mais aussi certainement destiné à rassurer les siens. Pourtant, il a vécu sur des terrains d'opération comme Ypres où fut pour la première fois expérimenté le gaz "moutarde" qui détruisit les poumons de milliers de soldats. Il s'embarque ensuite pour le front d' Orient, la Grèce, Salonique. Revenu en France, il va devenir instructeur dans les premiers chars d'assaut. L'émotion est là également quand, en août 1916, il apprend la mort de son père des suites d'une opération. Parfois, le désarroi transparaît quand sa mère semble lui reprocher l'argent qu'il demande fréquemment. Est-il vraiment un "noceur" ou l'amélioration de l'ordinaire est-elle indispensable au maintien du moral ?
Extrait:
Le 15 avril 1917
[…]
Oh mémère, écris-moi, écrivez-moi bien souvent. Comme nous sommes loin, perdus, isolés, privés de tout contact avec le monde, une lettre, mais c'est un baiser, une caresse qui vient redonner à notre âme un peu de cette affection qui lui manque tant. Une lettre, c'est le courage qui renaît, tout le bon cœur, l'énergie qui se réveillent. Une lettre, enfin, c'est une communion d'âmes qui nous permet de penser, de vivre un peu près de vous.
Oh mémère, ne fais pas de peine à ton gosse. Écris-lui ces bonnes lettres qui seules savent lui rendre sa gaieté, alors comme je t'écrirai avec joie et comme je t'embrasserai bien fort, bien fort…
Mais parlons un peu de moi. Comme je te l'avais dit dans une lettre il y a longtemps déjà, nous sommes allés passer quelques temps en Al… Nous voici revenus et pour cause. Nous sommes donc de nouveau autour de M. Et pour ce qui est de la guerre, pas de changement. Je vais cependant avoir un peu de répit. Le matériel commençant à être complètement usé, je crois que l'on aura un peu de repos.
Le seule changement notable, c'est le climat. Il y a huit jours, nous avions de la neige, maintenant l'été commence et nous voilà déjà en chemise avec les casques coloniaux. Je tiendrai toujours le coup, je l'espère : jusqu'ici, pas de fatigue, pas de fièvre, et si ce n'était le cafard, ça irait à merveille.
Et à la maison, quoi de neuf ? Comme ce seul mot évoque des souvenirs, comme je désire avoir des renseignements sur tout… La maison, mémère, c'est ma patrie encore plus personnelle que la grande. Et en pensant à elle, je vous vois tous réunis. Je vois grand-père travaillant toujours avec ardeur pour son petit-fils, ma petite Popo bien grande, bien mignonne, grand-mère à son ouvrage et toi te mettant en autre pour que tout marche bien. Et je vois aussi ma chambre avec tous ces bibelots, les pipes alignées.
Oh mémère, tu me promets de me causer longuement, bien longuement, si tu le fais je t'embrasserai bien bien fort.
Je t'embrasse de tout mon coeur ainsi que tous autour de toi.
Pierre
Article critique:
Lettres de la "der des der"Ces Lettres de la « der des der » sont les lettres d'un fils, Pierre Suberviolle à l'attention de sa famille et plus spécifiquement sa mère, qu'il appelle affectueusement Mérotte ou mémère.
De ces lettres retrouvées en 1986 au fond d'un placard, Catherine Labaume-Howard, la petite fille de ce jeune homme engagé volontaire à l'âge de 17 ans, en offre une sélection fort bien choisie. Le résultat est des plus surprenants. Car il donne un autre éclairage sur cette grande boucherie qu'a été la Première Guerre Mondiale.
On y découvre tout d'abord une famille unie, aimante où tous les membres ou presque s'appelle de petits noms affectueux. Mérotte pour Augusta, la mère au caractère bien trempé, Paulette dite Popo,la petite sœur du militaire. Il y a aussi Louis, le père vétérinaire de son état, incorporé sous les armes en Bretagne. On n'oubliera pas le grand-père, lui aussi vétérinaire qui assurera la continuité de la charge durant tout le conflit à la place de son gendre et en attendant que Pierre prenne sa suite.
Pierre a été mobilisé durant 51 mois en tant que chauffeur mécanicien. Par chance il ne sera pas un planqué. Il combattra lui aussi sur les fronts de l'est et du nord de la France avant de rejoindre l'armée d'Orient à Salonique. Là-bas, il découvrira l'Albanie, la Macédoine, la Grèce, des pays et climats bien différents que sa terre natale.
A son retour en France en octobre 1917, il sera versé dans les chars d'assaut. Il connaîtra encore le feu des combats, sera blessé au visage près de Dunkerque. L'armistice sera déclarée alors qu'il soigne encore ses blessures. En parallèle, il travaille dur pour prendre du galon et reprendre des études et surtout être apte à entrer à l'école vétérinaire à Toulouse.
Surprenantes donc ces lettres et autres documents glissés (articles de presse, cartes postales ou bouts de papier quand le temps manquait pour écrire) qui en disent long sur une famille bourgeoise de Montauban durant le grand conflit. Intéressantes aussi sur la volonté à toute épreuve de ce garçon qui veut absolument montrer son patriotisme, pour rien au monde être un planqué (insulte suprême).
Par ces échanges constants entre le fils et la mère, on comprendra aussi le lien unique qui les lit. Mérotte est plus qu'une mère pour son fils. Elle est également son amie, sa confidente même quand il s'agit de parler des autres femmes et surtout de Marie-Antoinette son amie d'enfance, qu'il épousera plus tard.
Par ces courriers, on découvrira combien le sort des engagés est loin d'être simple. Ils sont toujours à court d'argent pour agrémenter la popote, car tout est partout si cher et approvisionnement difficile. Ce sera de continuelles demandes d'argent, de tabac, de linge pour lutter contre la pluie, la boue, le froid. Pourtant, ce ne sont pas les conditions des gars terrés dans les tranchées de l'est.
On découvrira aussi les conditions de vie des hommes envoyés en Orient qui ont plus souffert – mourant par milliers – de la chaleur et des maladies que des rares combats dans lesquels ils ont été lancés.
Et puis, intéressantes aussi sont les photos que Pierre a réalisé durant sa période d'engagement. Car dans son bagage, Pierre a emporté son West Pocket Kodak. Ses photos et notamment celles choisies par l'auteur sont merveilles pour illustrer cette foisonnante correspondance, étayer les propos du militaire, montrer combien il était curieux de tout, des pays et des gens rencontrés en Orient et en France. Des images étonnantes et différentes de celles publiées par les officiels.
Et même si on ne dispose dans cet ouvrage que des lettres de Pierre à sa mère ou sa sœur et pas des réponses qu'il a pu recevoir, même si ses lettres à des hommes mûrs de son entourage où il parle plus clairement, violemment de ses conditions de vie, des combats, cette correspondance à sa Mérotte est vraiment intéressante. Elles dressent un portrait d'un jeune homme intelligent, étonnamment curieux et ouvert sur ce qui l'entoure, responsable et presque chef de famille après le décès du père.
On ne peut être que d'accord avec les propos de Jean-Pierre Guéno dans sa préface, Catherine Labaume-Howard, en publiant ainsi les lettres de son grand-père, redonne ses « lettres de noblesse » à un genre, un exercice de plus en plus oublié. À l'heure des sms, des courriels et suprématie des écrans d'ordinateurs ou de mobiles, « la lettre reste « un baiser », une « caresse », un vecteur d'affection » à nul autre pareil. Dans notre monde qui se, nous déshumanise si vite, il serait si bon de reprendre le crayon et la page blanche.
Article de Dédale, paru le 19 avril 2011 sur Biblioblog.fr
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