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Sòrga - Dupain (CD). Dix ans après son précédent album, le groupe marseillais revient avec un album davantage acoustique, traversé d’un lyrisme sauvage et entêtant. Buda Musique.
Type | CD |
Année | 2015 |
Durée | 12 titres |
Langue | occitan (provençal) |
Distributeur | Buda musique |
Label | Socadisc |
Code Distributeur | 860268 |
Sòrga - Dupain (CD)
Dès l’origine, Dupain s’est pensé comme une machine à expérimenter et à résister. Expérimenter des brassages musicaux inédits, entre rock, electro et musiques traditionnelles. Résister en revendiquant une identité culturelle et linguistique plurielle, à la fois poétique, populaire et contestataire. S’il chante en occitan et s’accompagne à la mandole, Sam Karpienia n’exalte aucun chauvinisme et préfère le maquis des insoumis aux territoires trop ordinaires, trop familiers, car conquis de longue date. Cette démarche, volontairement située hors des sentiers battus, donnera naissance à trois albums denses et singuliers, L’Usina (2000), Camina (2002) et Les Vivants (2005).
Sam Karpienia et Pierre-Laurent Bertolino, rejoints par le flûtiste Gurvant Le Gac, le batteur François Rossi et le contrebassiste Emmanuel Reymond, créent aujourd’hui ensemble "Sòrga", un art brut musical de vielle et de chant, de forces percussives et de mélodies à danser ou à écouter, un « Folk Step » au coeur de l’imaginaire.
Spirales envoûtantes de la vièle à roue, envolées azurées de la flûte, rythme comme surgi d’un lointain tonnerre, et le chant toujours aussi âpre et saisissant de Sam Karpienia : Dupain est bien là, à la fois neuf et semblable à ce qu’il a toujours été.
Leur dernier album, « Les vivants », remontait à 2005. Dupain n’est pas du genre à enchainer les enregistrements, encore moins à subir les influences de la mode. Ce groupe atypique a toujours démontré une rigueur et une exigence musicale sans faille. « Sorga » est le titre d’un recueil de poèmes publié en 1958 par Maxence Bernheim de Villers, dit « Maxence ». L’ouvrage, traduit en occitan par Eric Espieu fascine littéralement Sam Karpienia (chant, mandole) qui entreprend un important travail autour de ce « voyage initiatique, shamanique » au côté de son complice Pierre-Laurent Bertolino (vielle à roue).
Ce nouvel album, plus acoustique que les précédents donne ainsi davantage de force aux textes poétiques de Maxence. Trois autres musiciens viennent compléter le travail du duo : Gurvant Le Gac (flûte), Emmanuel Reymond (contrebasse) et François Rossi (batterie). Le résultat est à la hauteur de l’attente. La voix de Sam Karpienia est toujours aussi envoutante, et la musique de Dupain d’une grande richesse et d’un haut niveau de créativité.
Avec un beau livret.
Label Buda Musique - Full Rhizome.
Les membres du groupe:
Vielle à roue: Pierre-Laurent Bertolino
Chant, mandole: Sam Karpienia
Contrebasse: Emmanuel Reymond
Batterie: François Rossi
Flûte: Gurvant Le Gac
Masterisation: Jean-Pierre Chalbos, Mathieu Bameulle
Manfred Kovacic
Enregistré par Bertrand Montandon au Studio Vega (octobre-novembre 2014).
Titres:
1 Mille Papillons
2 Au Cor De Mon Silence
3 La Sorga
4 Beveire D'Auceus
5 Cada Vouta
6 Un Mostre
7 Vagant Trepaire...
8 Vertige
9 Copar Totjorn Copar
10 Tot Veire, Tot Oblidar
11 Non O Falla Pas Mai
12 Glenwar
Extraits:
Articles de presse:
Sòrga, retour aux sources
Dupain défend depuis 15 ans du côté de Marseille une musique hybride, entre composants traditionnels et envolées actuelles. Un savant mélange à retrouver dans leur nouvel opus, Sòrga.
Sòrga, c’est la source en occitan. La pochette est raccord, et nous renvoie au mythe de Pandore (oui en réalité au départ, Pandore tient une jarre et non une boite, pour déverser sur le monde les maux, dixit les textes grecs les plus anciens). Il s’agit surtout d’un recueil de poèmes trouvé par le chanteur, signé Maxence (Maxence Berheim de Villers, auteur contemporain quasi inconnu). L’inspiration commence. Le travail musical aussi. Le livre qui a inspiré à Samuel Karpenia un « voyage initiatique » trouve en effet sa couleur dès le premier titre du disque; fascinant et envoûtant, « Mille papillons » est une transe sonore qui introduit l’électricité et la rage sourde de « Au còr de mon silenci ». Une tension qui se trouvait dès leur premier album L’usina. Dupain déroule les accords et les gémissements de la vielle à roue (instrument que l’on croise notamment dans le travail de Romain Baudoin d’Artus), une invitation à la contemplation, ou plutôt à l’imaginaire, car le groupe suggère plutôt qu’il ne montre; les compositions se retrouvent comme de fragiles constructions où l’imbrication des sons, l’effleurement des notes ou la répétition de cycles mélodiques ont une alchimie presque mystique; un équilibre qui serait aussi fragile qu’une feuille morte prête à se détacher de la branche. Pour mieux être emportée par le fleuve d’un rock progressif de « Vertige » à la nostalgie vibrante de « Glenwar ».
« A cadun lo temps qu’es lo cieu, Lo temps que fau le temps que basta » (À chacun son temps qui est le sien, le temps qu’il faut, le temps qui suffit).
Le temps, Dupain semble réussir à le figer dans un chant qui reviendrait d’un monde que nous aurions connu et qui aurait disparu. Dupain regarde et interroge, un monde toujours lié à ses racines. Car la source, c’est aussi l’espoir. Face à l’âpreté des accords lourds, l’ornementation de la flûte qui fait bien souvent s’envoler les compositions vers de nouveaux paysages. Dupain tourne, Dupain virevolte, Dupain martèle le sol et la poussière, Dupain berce et frappe. Dupain laisse s’écouler, comme l’eau, la musique.
Article de Marie dans La médiathèque, Musique(s) le 16 mars 2015.
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Il aura fallu une décennie entière pour que le groupe occitan Dupain refasse surface. Dix ans, le temps pour Sam Karpienia (chant et mandole) de s’éloigner des Vivants (titre du précédent CD du groupe), de s’investir dans cette autre formation d’insoumis qu’est Forabandit, de se chercher d’autres sources d’inspiration, sans trop chercher à chercher, plutôt laisser venir et prendre le temps de s’immerger, en l’occurrence dans l’œuvre écrite d’un poète contemporain parfaitement inconnu, Maxence.
Descendant de la célèbre famille de galeristes Berhneim, ce Parisien s’est épris de poésie occitane, au point de consacrer certaines des émissions radiophoniques dont il était aussi l’animateur à des poètes occitans comme Sully-André Peyre et Enric Espieux. C’est ce dernier qui a traduit en occitan le seul recueil de poèmes que Maxence a légué à la postérité en 1958, Sòrga (La Source). Une œuvre « underground », en somme. Tout comme le recueil inédit Cantaplora, de Bernard Manciet, a inspiré aux Gascons d’Artús leur dernière livrée discographique, Sòrga a tenu lieu d’épiphanie à Sam Karpienia et l’a poussé à réactiver Dupain.
Dix ans, dont une bonne moitié aura été nécessaire à Sam Karpienia pour scruter cet univers poétique qui a tenu lieu d’épiphanie et tâcher d’en exprimer les envolées lyriques et les béances endolories par les sons, ces sons que son complice Pierre-Laurent Bertolino (vielle à roue) et lui n’ont cessé d’expérimenter.
Dix ans passés non pas vraiment à « donner une suite à » — car Dupain n’est pas du genre à s’enfermer dans un moule stylistique, fut-il aussi accrocheur que « rock occitan » —, mais plutôt à préparer une renaissance, à franchir une autre étape, à bousculer les acquis et les attentes. Du reste, autour de Karpienia et Bertolino, l’équipe de Dupain a été entièrement renouvelée. Bienvenue donc au flûtiste Gurvant Le Gac (Charkha, Bayati…), au batteur François Rossi et au contrebassiste Emmanuel Reymond. Sòrga est donc leur baptême du feu, et l’on est soufflé d’entendre à quel point la cohésion de groupe atteint un tel niveau d’excellence. C’est comme si les trois recrues avaient toujours joué pour Dupain. Nul doute qu’elles en partagent la vision et l’esprit engagé.
C’est clairement un autre son que Dupain donne à écouter dans Sòrga, mais ça reste indubitablement du Dupain, irréductible et déterminé, cherchant à secouer tant les corps que les consciences. Les poèmes de Maxence sont chantés par Sam Karpienia en langue occitane, avec ce grain à la fois heurté et enrobé, chaleureux et âpre, qui le caractérise. Le livret fournit des traductions/adaptations en français et en anglais. Il faut s’y plonger pour appréhender la couleur de ce Dupain 2015, lequel introduit son voyage initiatique dans l’œuvre de Maxence par Mille papillons, une pièce à dominante instrumentale, chavirée, en apesanteur, comme portée par les vents de l’improvisation, où la voix n’intervient que pour égrener un mantra qui tourne en boucle et en écho, et qui dit simplement : « Mille papillons d’or s’éprenaient de vertige. »
On retrouve ce vers dans Au còr de mon silenci, où la mélodie et le rythme se font plus palpables, entraînant l’auditeur dans une danse dont on peut aussi suivre les pas mentalement. Les douze compositions de ce disque sont toutes empreintes d’une tension sourde entre éclats électriques et projections acoustiques, rusticité et modernité, sourires et blessures, obscurité et rayonnement.
Car si Dupain est remonté à la « sòrga », ce n’est pas pour y boire une eau plate, mais pour en faire jaillir des giclées limpides de noirceur, de lucidité meurtrie et d’aigreur ésotérique. Les incantations parfois péremptoires et hargneuses de Sam Karpienia, les spirales contorsionnistes de la vielle à roue, les serpentements de la flûte, les propulsions chtoniennes de la batterie, les tirades pincées de la mandole et les ponctuations sépulcrales de la contrebasse génèrent une ébullition constante qui évite toutefois les explosions emphatiques. Cette musique se déploie dans le tressaillement, l’emportement, pas dans le débordement. L’ivresse, oui, mais en gardant les pieds sur terre, cette terre occitane aux reliefs calcaires accidentés et brûlants.
Il est vrai que la poésie de Maxence est elle aussi criblée d’écorchures : « Chaque minute se déchire. Je suis au creux de mon néant. Comme un vieux tissu pourri. » écrit-il dans Cada vòuta, qui rebondit dans Un mostre : « Chaque minute se déchire. Le Sang se tait mais l’onde veille. » « Tout s’écroula dans le jour éclaté », clame-t-il dans Vagant trepaire. Et dans Copar totjorn copar, il célèbre la « Magie des terres neuves. Étonnement des fronts en rides écointées. » Avec pareil florilège de perceptions hallucinées et déchirées, la musique de Dupain ne pouvait que se déployer dans l’ébranlement et le vertige.
« Au fond de moi j’avais voulu me recréer, plus digne de moi-même », fait dire Maxence à Sam Karpienia (Au còr de mon silenci). Il est vrai que cette parole pourrait être proférée par Dupain lui-même, tant Sòrga s’impose comme un nouvel épanouissement.
Article de Stéphane Fougère, paru en novembre 2015 dans Ethnotempos.
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