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... enfra lei trèus ... (limbs) - ... traversée des brumes ... (limbes) - Poèmes occitans, avec une version française de l'auteur Jean-Yves Casanova. Éditions Jorn.
Type | Broché |
Année | 2009 |
Langue | Français + Occitan |
Pages | 112 |
Format | 14 x 22,5 |
Distributeur | Jorn |
ISBN | 978-2-905213-36-1 |
... enfra lei trèus ... (limbs) - ... traversée des brumes ... (limbes) - Jean-Yves Casanova
Poèmes occitans, avec une version française de l'auteur.
Titre énigmatique, part visible d'un continu indistinct, immatériel ou fluide. Le sous-titre donne la clé : limbes, région incertaine et sans contours, hantée par les ombres des morts sans sépulture ou sans baptême, âmes errant dans la brume d'un entre-monde.
Le sujet-objet, masculin dans la première partie, féminin dans la seconde, toujours anonyme, renvoie aux deux grands absents : le père et la mère. Recueils de 50 thrènes de dix vers. Rigueur d'une structure régulière contrastant avec l'absence de forme de l'espace évoqué et avec la fluidité de l'écriture. Le poème est un fragment arbitrairement découpé dans l'informe ou le continu.
Tentative d'exprimer le statut des défunts qui ne vivent plus que dans la mémoire de quelques rares vivants : leurs vains efforts pour revenir à la vie, s'épaissir, prendre corps, ne sont que les efforts de ces vivants essayant de leur donner matière ou présence par le souvenir.
Méditation sur la mémoire, sur les images et les mots, sur leur pouvoir et leur impuissance. Sur l'échec de la parole, pourtant indispensable, sur la frustration de l'absence, sur notre condition tragique de vivants, à peine plus tangibles et solides que les morts, sur l'incurable enfance.
Hommage pudique au père et à la mère, sans aucun sentimentalisme. Écriture qui prend le fluide comme forme et fond, sans rien qui pèse ou qui pose. Après la mer des recueils précédents, la brume... Un pas de plus vers le néant.
Dessin de couverture d'Inge Kresser.
Éditions Jorn.
L'auteur:
Jean-Yves Casanova, professeur de littérature française contemporaine à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, est en occitan un auteur de prose et de poésie, publiées pour l’essentiel au Trabucaire et à Jorn. Sa conception de l’écriture occitane, développée dans son essai A l’esperduda dau silenci [Aussi loin que le silence], refuse toute motivation militante ou apologétique, toute concession pédagogique à un lectorat à acculturer. Elle résulte d’une pulsion profonde, d’un désir de langue et d’une quête de l’indicible. L’écriture est une exploration des limites de la parole, une aventure sur les marges du « dicible ».
Le poète assiste sur la page-plage au déferlement des vagues, chacune dessinant un vers qui mime sa durée. …enfre lei Trèus… (limbs), dans une sorte de sublimation « chimiopoétique », fait passer la matière solide du réel à l’état indistinct et gazeux de l’élément psychique, pensées, rêves, souvenirs. Le recueil évoque sans les nommer les deux figures disparues du père et de la mère, qui n’existent plus que dans la conscience du poète et qui tentent vainement à travers elle d’accéder à l’existence, de franchir les brumes, de sortir de leurs limbes. La poésie de Casanova évoque l’informe des fluides liquides, gazeux ou psychiques dans des poèmes fortement structurés dont le calibre se répète à l’identique dans tout le recueil.
Extrait:
intra au fus de la nuech desembolhament freg deis astres
lutz espeçantas dei sòmis aquí de sei dets tibats au negre
desfila encara pacientament lo cabedèu silenciós de l’arma
prima doça a la solombrina clausurada de 1'ostau qu'estivenca
i desfilandrava la lana d'oras e d'oras lana roja blava e verda
s’imaginaviam possedir lo cèu e la tèrra entre braç d'enfants
ara sei mans bategan d’aire infinit e d'estelas chapotadas
au clar de sa votz leis impropèris necites de sa perda d'alenada
e sensa termina va e ven lei lava la mar lo negrum la lana
sa vida debanada coma a la pila blanca l’aiga va au reguier
elle entre au fuseau de la nuit effilement froid des astres
lumières coupantes des rêves là de ses doigts tendus dans le noir
elle débrouille encore patiemment la pelote silencieuse de l’âme
mince douce dans la pénombre close de la maison quand en été
elle effilait la laine des heures durant laine rouge bleue et verte
nous imaginions posséder le ciel et la terre entre nos bras d'enfants
maintenant ses mains battent a l'infini l'air et les étoiles meurtries
à la clarté de sa voix les impropères indispensables à la perte du souffle
et elle va et vient sans fin elle lave la mer la ténèbre la laine
sa suie déroulée comme au bassin blanc l'eau s'écoule dans l'égout
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